Interview de Marc Subilia à la Radio Télévision Suisse Romande
Emission Les Audacieux, 17 juillet 2017
Florence Farion : Marc Subilia, à quel âge avez-vous changé de vie ?
Marc Subilia : 33 ans.
Florence Farion : est-ce que cette décision a été le fruit d’une longue maturation ?
Marc Subilia : elle a été la reprise d’un questionnement que j’avais déjà depuis longtemps.
Florence Farion : est-ce que cela a été difficile ?
Marc Subilia : cela a demandé d’envisager de quoi la suite serait faite, en affrontant une grosse part d’inconnu.
Florence Farion : est-ce que l’on vous a soutenu ?
Marc Subilia : j’ai été très soutenu par ma femme, par mes proches, par un entourage plus large qui, parfois, était déconcerté, mais curieux et approbateur.
Florence Farion : est-ce que vous avez eu peur ?
Marc Subilia : ma peur concerne plutôt la crainte de ce qui peut arriver à mon entourage.
Florence Farion : est-ce que cela vous a changé ?
Marc Subilia : cela a élargi mon regard et m’a rendu plus proche de personnes qui sont autres que nous, qui vivent d’autres choses que ce que nous connaissons.
Florence Farion : est-ce que vous avez une nostalgie de la vie d’avant ?
Marc Subilia : je suis privilégié parce que je peux poursuivre ce qui m’intéresse le plus dans ma vie d’avant.
Florence Farion : est-ce que c’est mieux qu’avant ?
Marc Subilia : c’est différent et c’est réjouissant aussi.
[Les Audacieux, Florence Farion, David Golan]
Florence Farion : l’Audacieux du jour est à la retraite. Sa vie professionnelle a connu un virage que vous découvrirez tout à l’heure, car sous ses airs assez sages, Marc Subilia est plutôt très audacieux, vous allez comprendre. Son changement de vie le plus actuel, c’est le passage à la retraite. Oui, mais une retraite très active. Il a, en effet, eu une idée toute simple qu’il diffuse avec enthousiasme en Romandie, mais il l’espère bientôt plus loin.
Cette idée simple est percutante. Ecoutez plutôt. Si vous et moi, nous nous privions d’un repas dans la semaine, avec l’argent économisé, nous pourrions le donner et nourrir des personnes qui sont dans le besoin. Voilà le nouveau cheval de bataille de Marc Subilia.
Il ne manque pas d’arguments pour nous convaincre que c’est une bonne idée. D’ailleurs autour de lui, il a fédéré un comité de convaincus. Rendez-vous dans son appartement avec autour de lui Sylvie, Anna, Bertille, des profils et des âges très différents, adeptes de ce micro-jeûne volontaire.
Une réunion de travail autour de Marc qui, malgré les années, n’a rien, mais rien, perdu de sa capacité de révolte.
Marc Subilia : quand on trouve dans notre boîte aux lettres, d’une part ces photos terriblement affligeantes avec de petits enfants squelettiques, décharnés et leur mère qui les porte, les voit mourir sous ses yeux, et dans le même courrier « débarrassez-vous de vos calories inutiles », je me disais : comment peut-on vouloir se débarrasser de ses calories qui manquent si cruellement ailleurs ? Pourquoi brûler en pure perte ce qui est hors de portée de gens qui souffrent ?
C’est sur cette base-là que je me suis mis à réfléchir et à arriver à une proposition archi simple qui a été publiée sous la forme d’une brochure il y a un an et demi. La cogitation remonte à des années en arrière, mais la réalisation s’est faite à la suite d’un été. Pendant les vacances au bord de la mer, j’ai pris du temps pour essayer de mettre un peu d’ordre dans toutes sortes de notes sur un bloc avec mon crayon. Au fond, l’équation est assez simple : il y a ceux qui souffrent parce qu’ils ont trop et il y a ceux qui souffrent parce qu’ils n’ont pas assez. Comment peut-on s’y prendre ?
Là, j’en suis venu à l’idée que ce qui devait être créé, une association « Offrez des calories pour la vie », devait être un passeur de calories.
A : On est quand même dans un pays majoritairement de langue allemande. Je crois qu’il faudra bien sûr envisager l’anglais pour porter à l’international, au niveau mondial.
Marc Subilia : c’est drôle que tu dises cela, parce que quelqu’un m’en a parlé il y a une quinzaine de jours. Je pense que cela viendra après. Pour le moment, il y aura la traduction en allemand qui est pratiquement terminée ; il reste à peaufiner quelques détails.
A : je vous donne quelques nouvelles. J’ai collé mon mari sur le sujet ! Il est locuteur allemand, bien meilleur qu’il ne le prétend. Il l’a fait et on a eu deux relecteurs. On y est presque maintenant. C’est presque bon à être livré pour l’impression. Mais le titre « Des calories pour la vie » n’est pas évident à traduire en allemand. Je ne suis pas très bonne en allemand, mais ils ont réussi à trouver quelque chose qui parle, parce qu’il fallait retrouver l’allitération « Des calories pour la vie ». Ils ont trouvé « Kalorien Spenden : Leben Retten ! », donc sauver des vies.
Marc Subilia : j’en ai parlé avec toi aussi, Bertille.
B : comme je suis bilingue aussi, c’est très bien traduit. C’est du très bon allemand.
A : ils s’y sont mis à trois quand même.
Marc Subilia : ça sonne bien, c’est vite capté, vite transmis aussi. Magnifique.
Florence Farion : « Des calories pour la vie » qui l’avait trouvé ? Ah, c’était vous, Marc.
Marc Subilia : oui, ce sont des calories qui voyagent pour tenter de réduire le paradoxe insupportable, mais de part et d’autre, il y a des souffrances. Alors voilà, « Offrez des calories pour la vie »…
Florence Farion : va devenir une multinationale, on a bien compris !
A : ce qui est intéressant, c’est que notre association sert juste à soutenir Marc dans sa démarche. Il ne passe pas d’argent, ou très très peu, par nous. Les gens versent directement à une œuvre de leur choix. Nous avons besoin d’un peu d’argent pour éditer les brochures, être présents sur des salons, pour faire de la publicité. On va aussi être obligé de passer par l’anglais, on ne va pas pouvoir s’en dispenser. Il faudrait donc que l’on trouve des gens qui sont suffisamment anglophones pour qu’elle soit traduite correctement. Est-ce que vous avez des acquaintances, à gauche à droite ?
B : éventuellement. Pas personnellement, mais je connais une ancienne prof d’anglais.
A : l’idée est quand même de travailler gratuitement, de le faire pour « Des calories pour la vie », on est bien d’accord.
B : je pourrai essayer de demander.
A : [Lecture de témoignages]
« Voilà trois mois que nous nous sommes engagés. Ce fut une bonne expérience dans le sens large du terme. C’est avec plaisir que nous avons versé notre contribution mensuelle. Nous en avons parlé régulièrement autour de nous et nous pensons avoir fait des adeptes actuels ou futurs, convaincus, comme nous, du bien-fondé de cette opération. Quant à nous, nous allons continuer notre engagement sans nous fixer de date limite. Bravo à l’association “Des calories pour la vie” que nous soutiendrons et nous tenterons de faire de nouveaux adeptes convaincus, comme nous, de la pertinence de cette action ». C’est sympa !
J’ai encore un autre témoignage : « Nous avions choisi de supprimer le repas du mercredi soir. La première fois, cela a été surprenant de se retrouver avec du temps libre à l’heure du repas. Il y avait comme un vide. Par la suite, nous avons mieux réussi à profiter de ce temps en plus. Nous n’avons jamais ressenti la faim, mais parfois l’envie de grignoter par habitude. Nous avons souvent parlé de notre démarche avec des amis, parfois remis de la documentation, beaucoup semblaient intéressés. »
Mon expérience est que tu trouves cela intéressant, tu regardes, mais il faut quand même sauter le pas et tout à coup te lancer.
Et la dernière phrase : « Pour le moment, nous sommes décidés à continuer à renouveler notre engagement pour trois mois ». C’est sympa.
Marc Subilia : et c’est encourageant. Je trouve magnifique quand des personnes qui se sont engagées pendant un bout de temps refont signe en disant qu’elles ont envie de continuer, parce que cela signifie que la motivation est toujours là.
A : ils ressentent probablement le bienfait. Il y a quand même quelque chose de l’ordre du bienfait, physiquement parlant, même si au début c’est un peu difficile.
Marc Subilia : il y a ceux qui découvrent qu’ils ont du temps libre.
A : exactement. Pas besoin de faire de courses, pas besoin de se demander quoi faire. Les mères de famille savent ce que c’est.
Florence Farion : et dans votre vie personnelle, comment cela prend-il sa place ?
A : assez simplement, parce que j’ai peut-être contourné la « consigne ». Moi, je saute tous les petits déjeuners de la semaine. C’est un jeûne partiel, mais je ne mange plus le matin. L’idée me plaisait parce que cela me permet de diminuer d’une certaine manière la culpabilité que l’on ressent à avoir nos assiettes toujours pleines, nos magasins débordants de victuailles. Pour moi, ce n’est pas au niveau de la sensation physique, mais c’est plus au niveau intellectuel, ou en tout cas, affectif de se dire qu’on fait notre petite part, toute minuscule. On se dit que si beaucoup le font comme nous, on arrivera à quelque chose. C’est cela l’idée.
C : on est peut-être pris un peu par la peur au départ. On se dit qu’on n’y arrivera pas. On est tellement habitué à notre petit train-train de nourriture, de partage avec les autres autour d’une table. Puis, la chose se fait et c’est vraiment presque une libération de se dire que finalement ce n’est rien de très traumatisant, on y arrive et on est même poussé par cette envie de se dire que demain, c’est de nouveau le jour. Ah quelle libération d’être un peu en communion avec d’autres personnes !
B : c’est une démarche à double sens, pour les autres et aussi pour nous. Sortir 20 francs par mois, je peux le faire aussi, mais si je dis : je sors 20 francs par mois, mais je ne mange pas, c’est plutôt 70-80 % un travail sur moi.
A : je pense qu’il y a une réflexion derrière cela. Comme tu le disais si bien, Anna, quand on se prive d’un repas, on entre dans une démarche quasi méditative que l’on n’a pas en donnant un peu de son superflu.
C : cela permet aussi de donner la juste valeur à tout ce que nous recevons et que nous avons la chance d’avoir tous les jours. Entrer dans un magasin, poser 5 francs et obtenir, ou ouvrir la porte du frigo et pouvoir puiser tout ce dont on a envie, c’est actuellement dans notre société un automatisme, un dû. Ça nous met un peu plus à l’écoute et en perspective de ce qu’autres personnes n’ont pas la possibilité de faire. Ça nous permet donc d’être un tout petit peu plus attentifs à ce qui se passe ailleurs.
Marc Subilia : on a pu réimprimer le flyer qui présente la démarche sur une page pour ajouter que l’activité de l’association est reconnue d’utilité publique. Cela donne aussi une certaine crédibilité, parce que l’association a été passée au crible par les services de l’Etat de Vaud. On a aussi ajouté la page Facebook maintenant que vous l’avez mise en route et que ça roule.
Florence Farion : vous publiez quoi sur la page ? Des initiatives de gens qui vous envoient des posts ou des photos en disant qu’ils adhèrent ?
B : oui, c’est souvent cela. Parfois, ce sont des témoignages, des articles de journaux quand Marc est dans le journal.
Florence Farion : il y a encore une question qui me vient par rapport à l’argent que vous ne récoltez pas, mais l’argent que l’on donne à une association de son choix. Vous en suggérez certaines, mais on peut aller donner à une association où que l’on veuille et ce que l’on veut. Ma question est celle du montant. A combien évalue-t-on la valeur du repas qu’on « économise » en jeûnant ?
Marc Subilia : vous savez comment cela coûte en argent suisse un repas qui sera l’unique repas de la journée, et si c’est une maman qui reçoit cela et qu’elle a deux petits à ses pieds, ça sera le repas de la petite famille ? En fait, on peut compter en centimes, c’est de 20 et 45 centimes à peu près, suivant les pays.
Lorsque quelqu’un me dit : vous savez avec mon souper, ma petite saucisse, mon café au lait, deux tranches de pain, on ne va pas loin avec cela. C’est comme tu l’as dit, 3 francs multipliés par les quatre semaines du mois, un envoi qui se fait au bout du trimestre, ça nous fait combien, Bertille ? C’est l’ordinateur qui calcule !
C : ça peut soulager un village entier.
Marc Subilia : 36 francs, si un repas est à 35 centimes, cela fait 100 repas. Et 100 repas, c’est 100 journées d’alimentation pour une petite famille.
C : la petite goutte peut faire un océan là-bas.
Florence Farion : cela fait un peu plus d’une année que Marc a mis en route « Des calories pour la vie » et fait des émules a priori sans conséquence fâcheuse sur l’organisme et c’est bon aussi pour la tête, à entendre les adeptes de ce don.
Un site « Des calories pour la vie », si vous voulez aller plus loin, commander des brochures, et le parcours de Marc, une sorte de force tranquille qui a connu quelques virages. La suite pour mieux comprendre dans quelques minutes.
[Intermède musical]
Florence Farion : Pain perdu, c’était Kent.
[Les Audacieux ont changé de vie, ils nous racontent leur histoire tous les après-midi sur La Première]
Florence Farion : la retraite de Marc Subilia, notre audacieux du jour, est très animée. Il est à l’initiative des « Calories pour la vie », une association qui nous encourage à jeûner un repas par semaine et donner sa valeur pour nourrir ceux qui n’ont pas de quoi manger. La proposition a séduit et séduit encore. Marc a eu cette idée, elle occupe sa retraite. Sa vie d’avant était déjà très active et pleine de rebondissements. Au départ, il ne savait pas vraiment ce qu’il allait faire.
Marc Subilia : dans la famille, il y avait des tas de pasteurs avant moi. Je me suis dit que ce n’est pas parce qu’il y en a eu des tas avant moi que je vais devenir pasteur. Alors que faire ? C’est à ce moment-là que s’est imposée l’idée de la médecine. C’est intéressant parce que d’une part, en soi, soulager les souffrances est quelque chose qui est d’une légitimité évidente, qu’il n’y a pas besoin de justifier, on est heureux de pouvoir le faire, et d’autre part, on apprend à se connaître soi-même et c’est très intéressant aussi.
J’ai entrepris ces études. Elles étaient très astreignantes. Il s’agissait de dévorer et assimiler des livres, courir d’un cours à l’autre…
Florence Farion : mais avec le sentiment, pardon Marc, que vous étiez à votre place. Il n’y avait pas d’erreur sur la voie que vous aviez choisie. Vous étiez au bon endroit ?
Marc Subilia : j’étais au bon endroit, mais à mesure que j’avançais, et cela s’est confirmé lors des années de stage comme médecin assistant, j’ai eu le sentiment qu’il fallait fonctionner de plus en plus vite, qu’il y avait une forme de stress et de répétition des mêmes choses, comme si j’étais sur un rail. A un moment donné, je me suis demandé où est-ce que tout cela me menait.
Florence Farion : on parle là, Marc Subilia, des années 70. Ce n’était pas hier, et déjà vous aviez ce sentiment d’accélération, de ne pas avoir le temps pour quoi ? Pour ses passions ? Pour apprendre, assimiler, accompagner ?
Marc Subilia : entre le moment où j’ai eu le diplôme de médecin en poche et le moment où j’ai commencé à travailler dans des hôpitaux comme médecin assistant, il y a eu 10 mois de voyage avec deux copains qui, comme moi, venaient de finir la médecine.
Nous nous sommes embarqués pour un voyage qui était quasiment initiatique à l’époque. C’était d’aller à Katmandou. Nous avons acheté un minibus d’occasion qui avait déjà fait une fois le trajet aller-retour et nous nous sommes embarqués pour découvrir l’Inde de long en large, le Népal, et chemin faisant, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan. Ce voyage nous a donné l’occasion d’élargir notre vision du monde.
Ce qui m’a beaucoup frappé, chemin faisant, c’était de découvrir, et particulièrement au Népal, en Afghanistan – c’était avant que ces pays soient mis à feu à sang – un bonheur des personnes que nous rencontrions, même dans des conditions matérielles très précaires. Il y avait une aptitude à se réjouir de ce que la vie peut offrir qui m’épatait. Au Népal, j’ai retenu cette expression quand on veut dire « bonjour, comment allez-vous ? », cela se dit « Batkanoubo ». Cela veut dire : « avez-vous mangé le riz ? » Sous-entendu, si la réponse est positive, c’est qu’on a eu un bol le matin pour toute la journée et la journée est réussie, il n’y a plus qu’à l’apprécier.
Cela me faisait découvrir une manière de vivre qui, sans du tout minimiser les difficultés de la vie et le manque de toutes sortes de choses, donnait des images de sérénité et de paix intérieure qui me paraissaient tout à fait enviables pour le petit occidental pressé et stressé que j’étais souvent. Cela a changé un peu mon ethnocentrisme. Je suis heureux d’être Suisse, je me considère comme très privilégié, mais ce qui se passe plus loin, ce qui se passe au-delà m’intéresse tout autant que ce qui est kilométriquement beaucoup plus rapproché.
Il y a tout un langage non verbal qui prenait beaucoup d’importance et auquel nous avons aussi été beaucoup plus attentifs. C’est une compréhension que ce sont les mêmes choses qui nous font rire ou pleurer.
Florence Farion : vous venez de me parler du médecin, du voyageur, de votre ethnocentrisme qui a été bousculé par ce voyage. On se dit qu’aujourd’hui quand on vous rencontre autour de ce projet « Des calories pour la vie » que vous avez porté et que vous portez encore avec les quelques-uns que l’on a entendus tout à l’heure c’est la réunion de tout cela. Il y a à la fois votre casquette de médecin qui dit « faites attention, vous mangez trop », votre casquette de voyageur, de curieux qui se rend compte qu’ailleurs ce n’est pas le cas et qui essaie de faire cet équilibre-là ; en fait, le projet réunit tout cela.
Marc Subilia : c’est vrai que comme médecin, j’étais déjà frappé lors d’une visite d’un hôpital il y a de longues années en arrière d’avoir dans une chambre une personne qui souffrait beaucoup, pesant peut-être 180 kilos, c’était pour elle un calvaire, et on se demandait comment la soulager, et dans la chambre suivante, on pouvait avoir affaire à quelqu’un qui avait une maladie au long cours et qui pesait trop peu, on s’ingéniait à lui faire regagner du poids. Il y a de la souffrance dans la première chambre et il y a de la souffrance dans la chambre suivante. Il faudrait pouvoir rééquilibrer cela.
Florence Farion : votre réflexion, entre ceux qui manquent et ceux qui ont trop, si on saute un repas par semaine comme vous le préconisez pour dédier cet argent à ceux qui en ont besoin, on ne met pas en danger son corps. J’imagine que le médecin a une réponse. J’espère que vous avez longuement réfléchi avant de proposer ce repas par semaine.
Marc Subilia : je propose de renoncer à un repas par semaine et plus spécifiquement un souper, d’expérimenter le fait d’aller se coucher sans souper, ce qui n’est pas une punition, mais quelque chose que l’on offre. Au repos, le corps n’a pas les mêmes besoins en calories. C’est une démarche qui est extrêmement accessible à chacun. Il faut juste se souvenir de boire de l’eau. Il n’y a donc pas de risque. Au contraire. On étudie actuellement les micro-jeûnes, des jeûnes où on évite d’ingérer quelque chose pendant 10 ou 11 heures. On s’est aperçu que cela stimule un certain nombre d’enzymes qui montrent que cela a une valeur très positive pour le corps.
Florence Farion : vous êtes-vous dit que c’était une bonne idée ? Est-ce que vous y avez pensé en vous disant « je crois que je tiens quelque chose » ou même pas ?
Marc Subilia : ce qui m’a paru intéressant dans cette démarche, c’était de renoncer à engranger de l’argent. Cela crée parfois une certaine surprise chez les interlocuteurs qui me disent « pourquoi faites-vous cela, pour qui ? ».
Florence Farion : oui, parce que ce n’est pas une association de plus. Vous travaillez en relation avec des associations déjà existantes.
Marc Subilia : absolument. Il n’y a pas toute une idéologie derrière. C’est une incitation à l’empathie, de vibrer de humain à humain et lorsque je donne de ma nourriture nécessaire à ma vie, c’est autre chose que lorsque je remplis à la fin du mois un bulletin de versement de plus. C’est cet élément-là qui touche beaucoup de personnes qui entrent dans cette démarche. Elles donnent quelque chose d’elles-mêmes. La bonne surprise pour elles, c’est de voir que c’est gagnant-gagnant.
[Intermède musical]
Florence Farion : Autour, c’était Luciole.
[Les Audacieux, récit d’un changement de vie sur La Première]
Florence Farion : Marc Subilia, dix mots de votre vie d’avant.
Marc Subilia : intéressante, stimulante, l’amitié, le stress, l’incertitude, l’utilité, l’image de soi, le dévouement.
Florence Farion : nous voyageons donc avec Marc Subilia, un voyage dans le temps, un voyage intérieur et un voyage réel puisqu’il a parcouru une partie de la planète pendant 10 mois en bus. On est dans les années 70, une découverte du monde, une découverte de l’autre qui a probablement planté quelques graines pour la suite de son parcours.
Vous n’êtes pas au bout de vos surprises, parce qu’à ce stade Marc, je vous le rappelle, a entrepris des études de médecine, mais…
Marc Subilia : j’étais très fier de pouvoir faire ce travail et en même temps, il y a un stress évident parce qu’il faut parer aux urgences, surmonter l’incertitude. On ne peut pas faire tous les examens à chacun. Parfois, je le constatais chez certains confrères, il était difficile de ménager la chèvre et le chou, d’avoir une vie familiale harmonieuse. Mais la possibilité de soulager la souffrance est quelque chose qui me tenait à cœur, qui a été important pour moi. J’ai appris des tas de choses passionnantes.
Simplement, je n’avais pas vraiment prévu ce qui allait se passer lors de ma dernière année de pratique de médecin, lorsque j’avais 33 ans. Dans un dernier travail que j’ai fait, au terme de ma spécialisation comme interniste, c’était au CHU en psychologie médicale, et là, à la différence des années précédentes, on a le patient en vis-à-vis avec un bloc, un crayon. On est confronté au problème de l’existence autrement que lorsque l’on prescrit rapidement des médicaments, demande des examens complémentaires. Les gens disaient sur tous les tons « mais au fond, quel est le sens de la vie ? ». Certains souffraient de n’aimer personne, ou de se sentir aimés par personne.
La question du sens revenait. Elle m’est revenue un peu comme un boomerang. Des questions que je me posais déjà comme enfant, comme ado, qu’ensuite j’avais un peu mis sous le tapis parce que quand on a un bip dans la poche, on ne refait pas le monde entre deux sonneries du bip, et j’avais l’impression d’être un peu sur un rail où il fallait rouler de plus en plus vite sans se demander exactement où allait le rail. Je me demandais quelle était ma liberté par rapport à cela. Je me demandais aussi si dans le monde ambiant une joie sans arrière-pensée pouvait être vécue, sans déni de ce qui se passe en nous ou autour de nous.
J’en étais là lorsque tout à coup, j’ai réalisé que nous avons une liberté au-delà de ce que nous avons pris l’habitude d’utiliser et de multiples sources de joie.
Florence Farion : comment cela vous est-il venu ?
Marc Subilia : je me posais toutes sortes de questions. Il me faut dire aussi que nous étions quatre enfants dans ma famille. Peu après que j’ai obtenu le diplôme de médecin, ma sœur qui avait d’abord fait une école d’infirmière, puis qui avait eu envie de faire la médecine, est décédée d’un cancer, elle n’avait pas 30 ans et cela est apparu comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Elle est décédée en quelques mois malgré des traitements lourds.
Comment continuer pour tâcher de minimiser ses souffrances qui sont inévitables ici-bas ? Je me posais la question en voyant ce que cela représentait aussi pour les parents, pour notre famille – je me disais : « elle marche comment cette vie-là ? » – et aussi par rapport à notre foi chrétienne ; Dieu est qui pour nous ?
Florence Farion : où avez-vous été cherché les réponses, Marc Subilia ?
Marc Subilia : les réponses ne sont pas venues tout de suite. Elles ne sont pas venues d’un seul coup, mais de ce que j’ai pu expérimenter. C’est que quelque chose m’a été donné. C’était l’émergence d’une joie intérieure et l’assurance qu’il y a une paix qui nous est donnée et qui, même si la petite embarcation de notre vie navigue en tous sens ou fait mine de sombrer, peut continuer son chemin.
Florence Farion : c’est donc une flamme religieuse qui s’est allumée, ou rallumée peut-être ?
Marc Subilia : c’était la certitude qu’en tant que croyant on n’est pas épargné par les épreuves de la vie, mais en tant que croyant, on peut être sûr de ne jamais être abandonné, de ne pas devoir les traverser seul. A ce moment-là, j’ai compris que j’avais envie de rejoindre des études, d’entreprendre la théologie alors même que cela paraissait un peu saugrenu à mon entourage.
Florence Farion : attendez, médecin, vous aviez fait vos études, vous étiez installé, un début de carrière certainement prometteuse, et tout d’un coup, vous changez de voie pour repartir en études pour la théologie. J’imagine que l’on vous a regardé un peu de travers.
Marc Subilia : oui, cela a provoqué une petite inquiétude. On m’a demandé « qu’est-ce qui se passe, Marc ? Tu veux devenir pasteur ? » J’ai dit : « je ne sais pas. J’ai envie d’étudier la théologie et de voir comment Dieu se présente à travers la Bible, ce que Jésus est venu vivre, dire et faire parmi nous ».
J’avais un contrat comme médecin et j’ai dû trouver quelqu’un pour le reprendre. Entre le moment où j’ai eu cette envie et le moment où j’ai commencé des études, j’ai vécu une semaine où je suis allé à Taizé que beaucoup de personnes connaissent, en France voisine. Les frères de Taizé ont mis à ma disposition une chambre où je suis resté une semaine en silence. J’ai fait le point en profondeur. C’était au moment du Vendredi saint puis de Pâques. J’ai vécu la désolation le Vendredi saint comme jamais je ne l’avais vécue. Pâques a été une révélation et un bonheur extraordinaire qui m’a donné envie de me rapprocher de la source de ce bonheur. Très rapidement, j’ai su que je voulais devenir pasteur.
Etre pasteur, ce n’était pas faire le contraire de ce que j’avais fait comme médecin. Ce n’était pas changer et faire demi-tour, mais c’était vivre ma vie d’homme dans une perspective différente. Le médecin, quand il fait son travail, fait une anamnèse, il récolte tous les éléments qu’il peut de l’histoire du malade pour comprendre pourquoi il en est là aujourd’hui.
Dans la perspective chrétienne, l’aujourd’hui de chacun n’est pas simplement la résultante de tout ce qu’il a vécu jusqu’à maintenant, mais est modelé et mis en forme par tout ce qu’il attend. On peut avoir affaire à quelqu’un qui, humainement parlant, n’a peut-être pas sa place dans la société, ressombre dans telle ou telle toxicomanie ou d’autres problèmes de la vie, il n’empêche que c’est un enfant unique, bien aimé et irremplaçable aux yeux de Dieu. Cela donne un autre regard sur les personnes et une autre perspective. On s’occupe de quelqu’un, il va peut-être faire une rechute, une deuxième rechute. Ce sont les péripéties de la vie, mais cette vie ne mène pas à rien, elle ne coule pas dans l’absurdité et on peut être témoin de cela.
Pour être vraiment sûr de ce que j’allais choisir comme champ d’activité, je suis allé pendant quatre mois faire un stage au Québec pour l’accompagnement pastoral clinique. C’était en milieu psychiatrique. J’ai compris que pour mes vis-à-vis, ce n’était pas si clair. Au pasteur, on dit certaines choses d’une certaine manière et au médecin, on s’y prend autrement. Pour moi, ce n’était pas deux choses que je pouvais opposer, mais c’était complémentaire. Mais je me suis dit, pour ce qu’il me reste de temps à vivre sur cette terre – parce qu’on a compris que la vie humaine est assez brève – je vais être pasteur à 100 %. Quand quelqu’un me dit « j’ai mal au dos, est-ce que vous n’auriez pas une idée ? », alors j’indique où se trouve la pharmacie la plus proche ou une consultation gratuite en polyclinique.
Florence Farion : vous auriez pu garder les deux activités ou en tout cas associer les deux sur le terrain ?
Marc Subilia : certains auraient pu le faire. J’ai des amis qui sont des médecins chrétiens et qui vivent leur conviction. Pour moi, il fallait que je sois pleinement pasteur, pasteur en paroisse à plein temps pour me sentir à l’aise dans ce que je faisais. Les gens savaient ce que j’avais fait avant. Cela a été aussi une ouverture, c’est-à-dire que des gens se sont dit qu’ils pouvaient me dire des choses de leur vie parce que comme j’avais été médecin, cela n’allait pas me choquer. Entre autres, dans les années sida, les gens sont venus raconter au médecin des choses qu’ils n’auraient pas forcément pu dire au pasteur s’ils n’avaient pas su qu’il avait déjà entendu toutes sortes de situations. Cela a été une clé qui a facilité la communication à bien des égards.
[Intermède musical]
Florence Farion : Everybody knows, c’était Leonard Cohen.
[Vie d’avant, vie d’après, Les Audacieux ont osé tout changer, ils sont invités chaque après-midi sur La Première]
Florence Farion : Marc Subilia, dix mots de votre vie d’après.
Marc Subilia : bonheur du couple, bonheur familial, empathie, douleur du monde, émerveillement dans ce monde, confiance en Dieu, équipe, reconnaissance.
Florence Farion : durant ces études de médecine, Marc Subilia se questionne sur le sens de la vie entre deux sonneries de bip dans la poche, comme il le raconte. La perte de sa sœur, jeune adulte, des suites d’un cancer accélère le processus de réflexion. Marc s’interroge et cherche des réponses dans des études de théologie. Après une retraite silencieuse chez les frères de Taizé, il décide de devenir pasteur. Le jeune médecin diplômé décide de soigner les âmes, après avoir soigné les corps. On imagine que les effets sur le corps sont quand même plus fragrants que les effets sur les âmes qui peuvent prendre nettement plus de temps à guérir. Ce n’est pas un peu frustrant ça ?
Marc Subilia : tout à fait. Et en même temps, je me suis aperçu que c’était toujours un bipède que j’avais en face de moi, semblable à moi. Lorsqu’il s’adressait au médecin, il venait avec ses céphalées, ses maux de tête, avec un problème d’ulcère d’estomac. Quand je le rencontre par la suite, peut-être qu’en amont de l’ulcère, c’est quelqu’un qui s’est fait jeter de son travail et qui ne sait pas comment continuer avec toutes ces piles de postulation qui ne donnent rien ou peut-être que la personne qui a mal à la tête va dire qu’en couple elle ne s’entend absolument plus et elle ne sait plus quoi faire.
Ces problèmes de vie débouchent sur différents symptômes pour le médecin ou différentes interrogations ou demandes face au pasteur, mais ce sont des questionnements et des difficultés que nous connaissons tous d’une manière ou d’une autre.
Florence Farion : financièrement, si on en parle, Marc Subilia, c’est un sacrifice qui est rentré en ligne de compte dans votre prise de décision ou même pas ?
Marc Subilia : cela a été envisagé dans le sens que l’année où j’ai décidé de commencer des études de théologie était l’année de mon mariage. Un peu traditionnellement, le médecin avait fait la connaissance d’une infirmière à l’hôpital et au lieu d’avoir un époux qui gagnait convenablement sa vie, elle se trouvait avec un étudiant qui allait boire des cafés avec ses camarades et acheter de gros livres qui coûtent cher. Cela a donc été un projet de couple. Si ma femme n’avait pas été en plein accord avec ce projet, il n’aurait pas été réalisable. Elle vivait avec un salaire d’infirmière à temps partiel et c’est cela qui faisait bouillir la marmite.
Moi, j’ai donné quelques cours pendant que je faisais les études, dans une école d’infirmière, dans une école d’assistante médicale et nos deux enfants sont nés. Un garçon puis une fille sont nés pendant ce temps d’études. Ce qui a été un peu difficile du point de vue matériel pendant ces années a été largement compensé par le fait que j’avais du temps pour la famille. J’ai ainsi vu pousser mes enfants. Nous avons pu avoir des contacts avec l’entourage, avec des amis multipliés par cette nouvelle aventure. Je suis très reconnaissante envers ma femme, Ruth, d’être entrée de cœur dans cette démarche. Cette grande femme qui était infirmière, devinez ce qu’elle a fait par la suite ?
Florence Farion : ah non, je ne sais pas.
Marc Subilia : elle était infirmière aux soins intensifs et ensuite, elle est devenue aumônière à l’aumônerie du CHUV et a travaillé pendant environ 25 ans, en particulier en oncologie, auprès des brûlés et en oncologie pédiatrique.
Le médecin et l’infirmière sont devenus pasteur et aumônière. Nous avons beaucoup de choses à discuter parfois dans des colloques tardifs quand nous revenons de nos activités respectives.
Florence Farion : est-ce qu’il y a un moment où vous avez eu peur dans votre parcours, où vous avez douté de vos choix ?
Marc Subilia : ce qui m’a toujours angoissé, c’était de devoir imaginer de perdre un jour ceux qui me sont les plus chers, d’imaginer qu’un jour mes parents ne seraient plus là ; ils ne sont plus là. J’ai perdu non seulement ma sœur, je vous ai dit que nous étions quatre enfants, 20 années après la mort de ma sœur, un de mes frères est mort accidentellement, il faisait du footing sur un trottoir et il a été renversé par la voiture d’un jeune chauffeur qui s’était endormi au volant après une nuit blanche. Il n’y avait pas d’autres piétons sur la route, ni avant ni après. Ça s’est juste donné comme cela.
La crainte de voir disparaître subitement quelqu’un qui m’est très cher est là, mais en même temps, je me rends compte que c’est un privilège d’avoir la conviction profonde que le décès n’est pas la fin de tout et qu’il y a une plénitude de joie que nous connaîtrons un jour, et d’ici là on peut faire confiance à celui qui nous la promet. Pour moi, c’est Jésus-Christ ressuscité.
Florence Farion : est-ce que quelque chose vous a manqué dans ce parcours ou est-ce que vous avez fait, en faisant cette boucle, la complétude de vos envies et de vos aspirations ?
Marc Subilia : plus j’avance, plus je suis conscient de la vitesse du temps qui s’écoule. Je m’en viens à me dire non pas uniquement où est-ce qu’on pourrait aller l’été prochain en vacances, si on part en vacances, mais quels sont les endroits que je voudrais absolument découvrir avant mon dernier souffle ? Ce n’est pas que je sois à l’article de la mort, mais peut-être que l’on va vivre des dizaines d’années et peut-être que la vie s’arrête le jour qui suit.
Plus j’avance et plus je me dis que je voudrais ça et ça, qu’il faudrait que j’essaie. Je me rends bien compte que le principe de réalité est encore autre que le principe de désir, mais la vie se charge très tôt de nous apprendre que chaque fois que l’on choisit un chemin, cela veut dire que l’on renonce aux autres.
Florence Farion : vous avez quel âge ? On n’en a pas encore parlé.
Marc Subilia : mon âge, j’ai toujours de la peine parce qu’il change chaque année. Mon année de naissance, c’est 1948. Je suis dans ma 69ème année. Administrativement parlant, je suis à la retraite depuis quatre ans.
Florence Farion : l’avez-vous redouté ce moment où vous vous retrouveriez tout d’un coup inactif – j’emploie ce mot, mais en même temps, ce n’est pas le bon mot, mais je ne sais pas comment dire – à la retraite ?
Marc Subilia : effectivement, est survenue la date administrative du passage à la retraite, mais un pasteur peut continuer son activité, elle ne doit pas s’arrêter du jour au lendemain. J’ai été amené à poursuivre des remplacements.
Florence Farion : ces « Calories pour la vie », c’est une manière de continuer à jouer un rôle. C’est important pour vous de continuer à faire, même si l’heure de la retraite avait sonné.
Marc Subilia : ce qui est très important pour moi, c’est de pouvoir tâcher de mettre ensemble ce que l’on croit, ce que l’on dit et ce que l’on fait. Je vis très fortement que nous sommes en équipe dans cette démarche, avec les gens qui se signalent petit à petit et d’eux-mêmes quand ils en entendent parler. Ce chemin vaut tellement la peine que je n’éprouve pas le besoin d’en essayer 36 autres.
Lorsqu’on enclenche un petit passage à l’acte, on en reçoit rapidement une très très grande satisfaction intérieure. Là, je me fais le porte-parole de ceux qui s’embarquent et qui disent qu’ils se sentent mieux. Je leur demande pourquoi ils se sentent mieux. Ils me répondent qu’il y a une différence sur le poids au bout d’un mois, un mois et demi et que même s’ils n’ont pas beaucoup de moyens, avec le budget que je ne peux pas creuser plus, ils peuvent sauver des vies. Je leur dis que je peux leur attester que cela sauve des vies.
Il y a aussi le fait que cela fasse boule de neige. Moi je ne peux pas aller faire du porte à porte comme un vendeur, mais des personnes que je ne connais pas, à partir de localités que je ne connais pas beaucoup, me commandent des brochures, s’engagent dans la démarche. Elles ont appris cela par un relais, quelqu’un qui leur a dit d’aller voir sur l’ordinateur, ou bien leur a demandé « as-tu entendu parler Des calories pour la vie » ? Ça continue de se propager ainsi. Une petite allumette boute le feu quelque part, on ne sait pas jusqu’où ça va aller.
Cela rend extrêmement modeste. Je vois des masses de personnes qui font des choses admirables en tous genres. Vous connaissez cette histoire, il y a un enfant au bord de la mer, à marée basse, des tas d’étoiles de mer ont échoué sur le rivage et cet enfant les prend et les relancent les unes après les autres. Un passant s’approche, le voit et lui dit : mais est-ce que tu te rends compte qu’il y en a partout de ces étoiles ? Tu te fatigues en vain. Qu’est-ce que cela change ? Et l’enfant sans arrêter continue de lancer les étoiles à la mer, et il dit en parlant de celle qu’il tient dans la main : mais pour celle-là, ça change tout.
Florence Farion : vu de cette manière, c’est indiscutable. Merci Marc Subilia d’avoir refait le parcours audacieux de votre vie, d’abord médecin, puis pasteur et à la lumière de ces deux casquettes, on comprend mieux l’initiative « Des calories pour la vie », un élan de partage qui soigne le corps et l’esprit tout en un. Cela est fidèle au parcours de Marc.
Merci à vous, chers audacieux, merci à Anna, Sylvia et Bertille d’avoir répondu présents et de phosphorer à vos côtés pour faire connaître la cause. Bonne chance et bonne suite à vous.
[Florence Farion, David Golan et François Piton vous ont proposé les Audacieux. Demain une autre histoire, un autre parcours à 14 heures sur La Première]